Prenons le temps d'observer.

Il y a toutes les peurs occasionnelles, variées, au gré des situations. Elles sont là pour nous alerter d'un danger et nous inciter à nous mettre en sécurité. Jusque là c'est OK.

Il y a ensuite des peurs plus génériques, qui reviennent régulièrement à notre esprit. Nous en avons relativement conscience mais nous pouvons avoir l'impression qu'elles sont trop fréquentes, excessives et même qu'elles nous tiennent.

Les peurs qui nous tiennent

En voici quelques-unes, que j'entends régulièrement dans mon cabinet : peur de ne pas réussir, de ne pas y arriver dans les temps, peur de déranger, de demander à quelqu'un, peur de manquer d'argent, de tomber malade...

Quand on y prête attention, on reconnaît des sensations dans notre corps : malaise diffus qui me pourre à fuir, épaules tendues, boule au ventre.

D'autres peurs sont moins conscientes. Elles ne se manifestent pas vraiment parce qu'elles sont dissimulées derrière des comportements d'évitement, cachées derrière ce que nous ne faisons pas. On peut dire qu'elles nous brident.

Les peurs qui nous brident

Pas facile de les reconnaître. On peut s'interroger sur ce que nous remarquons chez les autres mais que nous ne voulons surtout pas faire !

Je vous livre un exemple personnel : j'avais du mal avec les personnes qui racontaient les grandes choses qu'elles voulaient réaliser. Je me sentais dérangée.

Peu à peu j'ai pris conscience que des peurs se dissimulaient derrière cette aversion, qu'elles généraient des comportements d'évitement, qu'elles limitaient mes possibilités de déploiement.

Désormais j'apprends à me projeter dans des réalisations précises, à en parler avec enthousiasme… et je constate que la vie m'offre des opportunités. Quelle joie !

Comment reprendre notre responsabilité et notre capacité d'agir face à ces peurs latentes ?

Prendre du recul pour retrouver notre capacité d'agir

En cabinet, j'invite mes clients à prendre une feuille et un crayon pour observer ce qui se joue.

Dessinez une grande flèche, de la gauche vers la droite. C'est le continuum du temps :

  •   à gauche le passé – notez-le
  •   à droite le futur – notez-le
  •   au milieu, une croix – indiquez maintenant

Considérons votre situation :

  •   Vous êtes là dans le présent, notez moi au niveau de la croix
  •   Ce qui vous fait peur n'est pas encore arrivé, c'est dans le futur – notez ce qui me fait peur au bout à droite
  •   Si vous avez peur, c'est probablement que vous avez vécu quelque chose de désagréable dans le passé – notez mon expérience désagréable au bout à gauche

Êtes-vous d'accord que le futur n'existe pas ? Ici et maintenant il n'y a que le présent qui existe. Le futur n'existe pas encore. Donc vous avez peur de quelque chose qui n'existe pas !

Et le passé. Êtes-vous d'accord qu'il n'existe pas ? Ici et maintenant il n'y a que le présent qui existe. Le passé n'existe plus. Vous avez peur de quelque chose qui n'existe plus !

Qu’est-ce que ça vous fait de prendre conscience de ça ?

D'abord chahutés, mes clients se redressent, leurs yeux se rallument. Ils retrouvent l'envie d'agir et très vite ils voient comment s'y prendre. L'espace est dégagé !

Attention toutefois à ne pas se méprendre sur l'intention de cet exercice. Il ne s'agit pas de minimiser la peur, encore moins de la ridiculiser. Quand la peur nous tient, elle nous tient vraiment. Elle est là, perceptible dans notre corps, au creux du ventre.

Mais d'abord accueillir l'émotion

La confrontation est parfois utile mais l'émotion a d'abord besoin d'être accueillie.

C'est comme avec un enfant terrorisé par le monstre sous le lit. On peut lui expliquer qu'il n'y a pas de monstre, allumer la lumière pour regarder avec lui. Bien sûr, puisque vous êtes là et que vous allumez la lumière, mais il va revenir !

L'enfant se calmera bien davantage si on accueille sa terreur, sa douleur. C'est notre présence, le gros calin, nos paroles réconfortantes qui vont le rassurer. C'est en l'assurant de notre présence à proximité qu'il va retrouver confiance.

En résumé, la peur, comme toute émotion, a d'abord besoin d'être accueillie. Elle est là, c'est désagréable mais ce n'est pas grave. Je peux respirer dans cette émotion.

Après quoi, si c'est une peur qui revient, je peux prendre du recul, observer ce qui se joue, choisir des pensées qui me semblent plus justes et vraiment, ça change tout.

Alors, y a-t-il une peur dont vous aimeriez vous débarrasser ?

Parlons-en.