Pourquoi tant d'agitation ?

Rémi Tremblay témoigne d'un long chemin de travail sur lui-même, vers plus de tranquillité et de justesse.

Il explique qu'il y a d'abord le réflexe d'accuser le monde extérieur. Mais si l'agitation intérieure dépend de l'agitation extérieure, c'est que nous ne sommes pas vraiment tranquilles.

Il y a ensuite cette impression que la vie va trop vite. En réalité, si on se décentre des humains, si on observe les plantes, on voit bien que la vie est plutôt lente. Or, la nature n'est pas extérieure à nous. Nous sommes la nature. Et si elle va lentement, alors nous devons aussi aller lentement.

Quand on ose enfin plonger en soi, on commence à remarquer tous ces moments où l'on a l'impression de ne pas être au bon endroit et aussi toute l'importance que l'on s'accorde à soi-même : « C'est à moi ! » « Il ne peut pas me faire ça à moi ! »… Tout cela nous conduit à créer des problèmes.

Or il n'y a pas d'autre projet dans la vie que d'être là.

Il n'y a pas d'autre projet dans la vie que d'être là.

On peut cultiver cette présence par l'alpinisme, la calligraphie, le jardinage… La méditation permet en plus d'observer ses pensées, de constater que ce sont toujours les mêmes !

Qui cultive la présence découvre qu'il n'y a pas besoin d'anticiper l'avenir. En fait, le pas suivant se découvre dans le pas présent et le chemin est ainsi beaucoup plus juste.

En effet, lorsque nous prenons des décisions, nous précipitons les choses et nous créons des problèmes que nous devrons ensuite résoudre.

C'est le doute qui nous pousse à décider, pour sortir de l'inconfort. De fait, nous sommes dans le doute 80 voire 90% du temps. Mais si nous nous laissons le temps, arrive toujours l'absence de doute. A ce moment là, il n'y a plus qu'à s'incliner devant l'évidence et à avancer.

Cesser de toujours vouloir décider

Rémy Tremblay a parcouru ce chemin pour lui et il l'a aussi proposé dans son entreprise.

Il témoigne que collectivement, ils ont pu évoluer :

  1. de l'urgence qu'un chef décide pour les autres,
  2. à décider ensemble,
  3. puis prendre le temps de discerner,
  4. et finalement, laisser le discernement se faire et en cueillir le fruit.

A ce stade de maturité du groupe, dès lors que l'absence de doute s'installe chez une seule personne, tous s'inclinent.

Attendre que se manifeste l'évidence

Car la plupart du temps, nous ne sommes pas en survie. Il n'y a pas besoin de prendre des décisions. Si on est vraiment là, d'instant en instant, les décisions s'imposent. Il n'y a plus qu'à s'incliner.

Évoluer vers cette maturité nécessite d'apprendre à tolérer de ne pas savoir.

Le leader n'est plus là pour sécuriser les autres mais pour apprivoiser l'insécurité. Rémi Tremblay témoigne qu'il y a de plus en plus de nouveaux leaders dans cette tranquillité, surtout des femmes.

Il constate qu'il est beaucoup plus facile de cultiver cette tranquillité si on abandonne les objectifs. En effet, notre attention ne peut pas être à deux endroits en même temps. Entre l'objectif et l'ici et maintenant il faut choisir.

Laisser tomber les objectifs

De même notre attention ne peut pas être en même temps sur nous-même et sur l'ici et maintenant.

Cheminer vers plus de tranquillité et de justesse, ce n'est donc pas un travail de développement personnel.

Vouloir se développer c'est comme vouloir devenir quelqu'un d'autre. Il s'agit plutôt d'un travail de réconciliation, de s'accueillir soi-même, de s'aimer. Il n'y a que l'amour qui nous transforme !

Revenir à l'essentiel : l'amour !

Décapant, n'est-ce pas ?

Inspirant à titre personnel, mais de là à croire que cela puisse se vivre collectivement, en entreprise ! Pour y contribuer au-delà de son organisation, Rémi Tremblay a co-fondé La Maison des Leaders, un espace de ralentissement, de réflexion et d’échange pour les leaders et leurs équipes.

Et vous, où en être-vous de votre agitation ? On en parle ?

(*) Je relate ici son intervention dans le cadre du Club Stratégie et Avenir en février 2024