François Bourgognon* constate en effet que, dans cette société, nous avons tous un même logiciel pour diriger notre vie, qui est centré sur :
- des objectifs
- le contrôle
- le confort
Objectifs - Contrôle - Confort
Une vie réussie, ce serait donc avoir réalisé ses objectifs ?
Cela mérite pourtant d'être relativisé par les regrets en fin de vie qu'a pu recueillir Bronnie Ware :
- J'aurais aimé avoir le courage de vivre une vie en accord avec moi-même, plutôt qu'une vie conforme aux attentes des autres
- j'aurais aimé ne pas travailler autant
- j'aurais aimé avoir le courage d'exprimer mes sentiments
- j'aurais aimé rester en contact avec mes amis
- j'aurais aimé me donner les moyens d'être plus heureux
Une vie réussie ce serait une vie confortable ?
Mais confortable, c'est différent d'être heureux. Être heureux nécessite même d'accepter certains inconforts, à l'image des marécages qu'il faut traverser pour atteindre la montagne que je rêve de gravir depuis si longtemps.
Quand au contrôle, force est de constater qu'il nous échappe beaucoup aujourd'hui, tandis que tout se transforme autour de nous à grande vitesse.
Pour François Bourgognon, ce modèle n'est plus adapté pour notre époque. Il suggère que, pour vivre dans le contexte actuel, nous avons besoin d'un autre logiciel, centré sur :
- l'acceptation
- des valeurs
- l'engagement
Acceptation - Valeurs - Engagement
L'acceptation c'est, dans certains cas, la seule manière de ne pas succomber à l'effondrement de soi-même. C'est ne pas rester dans la lutte intérieure. C'est choisir, comme dans les arts martiaux, de ne pas lutter mais d'accompagner.
L'acceptation, ce n'est pas se résigner mais accepter, lâcher la résistance pour faire corps avec la situation, une acceptation active.
C'est comme s'il fallait traverser une rivière déchaînée. On peut lutter contre le courant, c'est vain. On peut se laisser aller à la dérive, au risque de n'arriver nulle part. On peut nager activement en direction de l'autre rive et l'atteindre au plus court, là où le courant nous aura poussé.
Pour montrer la puissance des valeurs, François Bourgognon évoque le Dr Viktor E Frankl qui a pu survivre aux camps de concentration grâce à sa capacité à donner du sens à ce qu'il vivait. Il se voyait un jour enseigner tout ce qu'il aurait appris de cette expérience.
Ainsi il est essentiel de garder un lien avec ce qui est important pour soi et envisager sa mort est une puissante façon de l'identifier.
La mort est un phénomène capital qui permet la vie. Il n'y a pas de vie sans mort. Nous faisons partie d'un tout auquel nous ne prenons part que de façon très temporaire. S'en rappeler permet de mieux diriger sa vie.
C'est ce qui motive l'avertissement Memento mori (Souviens-toi que tu vas mourir) qui fait l'objet de nombreuses œuvres d'art ou encore Nous étions ce que vous êtes. Vous serez ce que nous sommes, au fronton de certains cimetières.
Ainsi, on peut se placer dans la perspective de la mort et se questionner : dernier jour sur terre, impossible d'en parler à quiconque, que vais-je faire ? Dernière semaine ? Dernier mois ? Dernière année ? Dernière décennie ? Cela donne beaucoup de sens à sa vie.
Les valeurs sont une boussole pour notre vie et c'est très différent d'un but à atteindre ou d'un objectif à réaliser qui sont ciblés. Les valeurs peuvent être respectées de multiples manières. Et puis, décider d'aller vers l'Ouest, c'est une visée inépuisable. Les valeurs sont de cet ordre.
Les valeurs, une boussole pour notre vie
Quid de l'engagement ?
Des expériences scientifiques montrent que les tous petits aident spontanément un adulte en difficulté, mais que si on se met à les récompenser, leur altruisme s'éteint. En effet, ils le faisaient seulement parce que c'était un adulte en difficulté.
Nous-mêmes faisons parfois des choses qui peuvent nous sembler contre toute logique. Nous les faisons simplement parce que nous les portons en nous, comme le colibri qui prend sa part, probablement parce que cela nous semble juste, beau et bon.
Présence à ce qui est ici et maintenant, acceptation, engagement, voilà ce que nous propose François Bourgognon. Il parle de logiciel. Je préfère parler de philosophie comme on le fait en Gestalt Thérapie. Oui, nous pouvons choisir une philosophie de vie qui nous rend heureux !
Et vous ? Quelles sont les réalités contre lesquelles vous résistez intérieurement ?
Paule Terreaux
j'en ai marre de lutter.
(*) Je m'inspire ici de sa conférence intitulée « Le pouvoir évolutif des valeurs », dans le cadre de l'Université de printemps de BNI Lorraine Luxembourg, le 22 mars 2023.
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